La 75-ème chronique du Dr Bruno Blaisse.

 

La chronique du Dr Bruno Blaisse, Responsable média de l’ IMHE Biarritz Pays Basque – Hypnosium

 

PREAMBULE :

Vous trouverez en pièce jointe le «  MODE D’EMPLOI » (qui explique l’esprit de chaque rubrique et la façon de l’utiliser au mieux), le dossier « QUI EST-CE » (Pour mieux identifier les auteurs ou intervenants cités) et le dossier « LEXIQUE EN COURS » (pour mieux définir certains termes employés). Ces dossiers sont très incomplets et sans prétention car je les renseigne au fur et à mesure de mes lectures, n’y voyez aucun parti-pris…

EDITORIAL :

Ce mois-ci je vous propose de vous intéresser au trauma psychique avec le compte rendu du dernier colloque de la revue Hypnose & Thérapies Brèves ou de lire un livre de 2007… pour y retrouver les bases de notre pratique… et mesurer le chemin parcouru depuis pour la reconnaissance de l’hypnose !

Ceci-dit malheureusement vous verrez comment le psychanalyste Gérard Miller*contribue à créer la confusion entre emprise* et hypnose et en donner une image inquiétante… avec l’aide de la presse ! Quant aux violences sexuelles dans les hôpitaux les langues se délient et, ce qui est nouveau, commencent à être écoutées !

Pour terminer je vous signale particulièrement le texte de Michael White* sur la position du thérapeute, qui me semble fondamentale. Merci aux éditions Satas* de m’avoir autorisé cette longue citation.

Profitez du printemps.

DANS LES KIOSQUES :

  • Santé magazine HS. Mars 2024. 4.9 €. Prendre soin de sa santé mentale.

J’avoue que je commence à me lasser de chercher une « pépite » perdue dans une jungle de lieux communs ou de thérapies fumeuse et que je suis de plus en plus agacé par le mélange de références sérieuses ( psychiatre, psychologues, neuroscientifiques,  pharmacienne.e.s, chercheur.ses, etc. souvent renommés) et d’autres beaucoup plus contestables (coach, médiatrice, spécialiste de shiatsu, rigolo thérapeute, etc.).

Au total : Rien de précis à en retirer.

  • Science & Pseudo-sciences. Avril 2024. 5€.
    • « Sophrologie, une pseudo-science qui s’invite sur les bancs des écoles ? » Cet article de Christophe Adourian* fait le point sur les références scientifiques de la sophrologie* et conclut que « Si l’absence de preuves n’est pas preuve de l’inefficacité, elle indique en revanche que la sophrologie n’a jamais été en mesure de prouver les bienfaits de sa méthode » et n’est pas exempte d’effets secondaires.
    • « Expertise scientifique en justice : quelle fiabilité ? » La médecine est concernée et dans cet excellent article Jean-Paul Krivine* expose toutes les incohérences du système actuel, ainsi que les solutions proposées… mais jamais mises en place !
    • « L’Ordre des médecins et l’homéopathie ». Cet article confirme tout le bien que je pense de l’homéopathie* et de l’Ordre des médecins.
    • « Bien-être et fausse médecine : quand la physique quantique est récupérée par les pseudo-sciences ». Aymeric Delteil* lui non plus n’a pas digéré la publicité « quantique » de Guerlain° et en profite pour remettre à sa place de pseudo-science la médecine quantique*. Au passage il explique, de façon simple, pourquoi les effets quantiques disparaissent très rapidement en dehors de conditions expérimentales extrêmes sous l’effet destructeur de l’environnement (« décohérence »). De bons arguments face aux charlatans !
    • « Le trac de l’orateur : facteurs et traitement ». Jacques von Rillaer* analyse en détail ce phénomène et propose des bêtabloquants* et diverses techniques psychologiques. L’hypnose n’est pas citée, ce qui est logique car malheureusement la zététique* la considère encore comme une pseudo-science*. Patience, les preuves scientifiques s’accumulent…
    • « Idées reçues et réalité :  comment se réconcilier avec ls psychotropes ? David Masson* explique simplement les différents types de traitement avec leurs indications (validées) et leurs effets indésirables sans oublier de mettre en balance les risques de non traitement… Le bon médicament, à la bonne dose, au bon moment, à la bonne personne et juste le temps nécessaire…

Au total :  Une bonne revue pour apprendre à réfléchir correctement.

  • Psychologies. Mai 2024. 4.9 €.
    • « L’hypnose : une pratique à haut risque ? » Vous avez peut-être remarqué que j’ai cette revue en faible estime (et son site internet est encore pire). Je la trouve très sensible aux théories psychanalytiques et peu regardante parfois sur la qualification des personnes invitées… Pourtant en apparence dans son article la journaliste ne s’acharne pas sur l’hypnose (ni sur la psychanalyse) et cite plusieurs spécialistes dont Sandrine Larremendy* et Eric Bonvin*.

Sandrine Larremendy*, qui est psychologue à la préfecture de police de Paris ( et experte juridique), explique qu’elle a eu à prendre en charge plusieurs femmes victimes de viols sous hypnose par des personnels de santé formés à cette pratique. Ce n’est pas surprenant en soi, les violeurs détournant les outils (psychologiques, chimiques, etc.) qu’ils connaissent pour aboutir à leurs fins criminelles…

J’ignore ses connaissances en hypnose mais dans les descriptions rapportées la journaliste laisse entendre que l’hypnose induit une paralysie (sans perte de conscience) ce qui me surprend fortement car je ne vois pas à quel phénomène hypnotique elle fait allusion. Je crois pour ma part qu’il y a confusion (chez l’experte ou la journaliste ?) avec la sidération* par activation du nerf vague dorsal* dans le cadre d’un psychotraumatisme*, ce qui n’a rien à voir avec l’hypnose.

Je pense que des spécialistes plus qualifiés que moi le confirmeront, mais je trouve encore une fois consternant cet amalgame dû au manque de connaissances de la journaliste (stagiaire en psychologie clinique) qui (en toute sincérité j’en suis persuadé) contribue à diffuser des idées fausses sur notre pratique, lesquelles ne peuvent qu’inquiéter le grand public.

Quant à Eric Bonvin* c’est un professeur de psychiatrie suisse bien connu depuis longtemps dans le milieu de l’hypnose à laquelle il a consacré plusieurs ouvrages. Il explique comment l’hypnose « autoritaire » (de Chertok* par exemple), a pu devenir « permissive » (sous l’influence de Milton H. Erickson* et François Roustang* notamment) et précise bien que « L’agent de l’emprise, ce n’est pas l’hypnose. L’agent de l’emprise c’est l’hypnotiseur ! » L’hypnose est un outil, bénéfique ou malfaisant selon la personne qui l’utilise.

 Eric Bonvin* indique aussi que « La personne accepte de se donner à quelque chose. Mais ce quelque chose est rarement ce à quoi elle s’attend. Tout se fait à l’insu de la conscience ». Cette phrase est à la fois fondamentale et problématique.  Problématique parce que le grand public va surtout retenir le terme « à l’insu », sans comprendre que l’inconscient lui sait ce qui se passe et accepte, ou non, suivant ses « valeurs »… que le conscient ne connaît pas vraiment !

C’est ce qui se passe, et que je trouve épouvantable, dans les spectacles de Messmer* où les « volontaires-victimes consentantes » qui montent sur scène, signent un « chèque en blanc » sans réaliser ce à quoi elles s’exposent et sont amenées à exposer en public (à leur insu de leur plein gré)  des traits de leur personnalité qui leur appartiennent réellement, mais dont ils ne sont pas forcément « conscients » et encore moins d’accord pour les exposer en public.

En thérapie quand l’alliance thérapeutique* est en place, l’hypnose permet par exemple à l’inconscient de retrouver et proposer au conscient des solutions, des ressources*, qu’il avait « oubliées » ou « disqualifiées » afin d’envisager un changement pour dépasser les pensées limitantes* et sortir du cercle vicieux des solutions inefficaces*en toute confiance et sécurité.

Oui, l’hypnose est un outil extrêmement puissant qui ne doit pas être mis entre toutes les mains. A quand une règlementation de son enseignement ?

    • « Pupuce et papi : pourquoi tant de surnoms ? » Surnoms, sobriquets, Christophe André* décortique leur fonctionnement et signale que « Le surnom nous rappelle que notre identité n’est pas unique mais multiple, contextuelle. » Alors un surnom pour chaque alter* ?
    • « La relation de soin, c’est une coopération mutuellement consentie ». Honte à moi : je n’ai toujours pas lu « La maladie de Sachs », mais cela ne devrait plus trainer tant j’ai été enthousiasmé par ce long entretien avec Martin Winckler*. Il ne mâche pas ses mots vis-à-vis de ses collègues et du système sanitaire français : « Vous avez le droit de vouloir un statut. Mais pas aux dépens des personnes qui ont besoin de soins……. En France on forme les médecins à penser en professionnels qui peuvent imposer leurs décisions et imposer leur autorité morale aux personnes qui souffrent….. Apprendre à soigner c’est apprendre à reconnaître ce qui n’est pas du soin. On ne favorise pas assez le recrutement de celles et ceux qui ont les qualités nécessaires au soin : la bienveillance, l’écoute, l’empathie. On sélectionne plutôt des individus capables de bosser en étant maltraités sans rien dire, puis de maltraiter à leur tour….  Dans l’immense majorité des cas, les professionnels de santé sont en posture de domination. S’ils ou elles ne changent pas de posture pour adopter une attitude d’aide, d’accompagnement, de partage, de soutien, il y aura de la violence. Tant qu’il y a des rapports de force il ne peut pas y avoir de soin…. Dans une relation de soin, les professionnels font des propositions, et les personnes soignées choisissent. Il faut l’accepter. La relation de soin, c’est une coopération mutuellement consentie et constamment négociée, qui peut être interrompue à tout moment…. Un lien thérapeutique peut être défait à tout moment. D’ailleurs, une relation de soin n’est pas toujours thérapeutique. Parfois il n’y a pas de guérison à la clef… Le seul point de vue qui vaille, c’est celui des femmes et des hommes qui souffrent. » Que dire de plus ?
    • « Laura et Fritz Perls créateurs de la Gestalt ».  Portrait de ce couple à l’origine de la Gestalt-Thérapie*, thérapie relationnelle qui s’appuie essentiellement sur ce qui se passe, émotionnellement et corporellement, dans l’espace thérapeutique et met l’accent sur les processus plutôt que sur le contenu.
    • « Je ne suis ni l’enfant ni le parent idéal ». La devise de Fabrice Midal* : « Je ne suis pas l’enfant ou le parent parfait… que personne ne m’a jamais demandé d’être. » Être en accord avec ce que l’on est, pas avec ce que (nous croyons que)  l’on nous demande.

Au total : Un numéro que je vous conseille d’acheter, ne serait-ce que pour savoir ce que vos patient.e.s ont lu.

  • Sciences & Avenir. Mai 2024. 5.3 €.
    • « Six techniques innovantes pour apaiser la douleur ». Cet article de présentation rappelle que 12 millions de personnes souffrent de douleur chronique en France, et que seuls 3% bénéficient d’une prise en charge dans un des 250 centres antidouleur.
    • « L’électricité sur la peau trompe le cerveau ». Une bonne description du mode d’action et de l’utilisation du TENS*.
    • « Des injections contre la migraine chronique ».  Intérêt de la toxine botulique dans une affection très invalidante.
    • « Le laser soulage les douleurs liées aux chimiothérapies ». J’ai été passionné par cet article sur la photobiomodulation* dont le principal défaut semble être le faible nombre de machines et de spécialistes disponibles.
    • « Un aimant module l’activité des neurones ». Présentation de la Stimulation Magnétique Transcrânienne répétitive* (rTMS*) et comparaison avec la Stimulation Transcrânienne à Courant Continu* (t-DCS*) : « Des études sont en cours pour mieux savoir à quel patient proposer la r-TMS ou la t-DCS, chacun réagissant de manière différente à l’une ou l’autre des deux techniques » explique Luis Garcia-Larrea*. 
    • « Détruire les fibres nerveuses de la douleur ». Présentation de la thermocoagulation*, principalement utilisée dans les lombalgies résistantes.
    • Une pompe qui agit au niveau de la moelle ». Cette pompe (implantée chirurgicalement sous anesthésie générale) permet de délivrer à la demande dans le LCR*, non pas des dérivés de la morphine, mais généralement du ziconotide* et est utilisée principalement en cancérologie.

Au total : Un dossier intéressant sur des techniques encore mal connues.

  • Magicmaman. Mars 2024. 4.5 €.
    • « Ça ressemble à quoi, la douleur de l’accouchement ? »

Tout.e.s les journalistes ne peuvent pas être compétent.e.s en sciences ou en médecine… mais le minimum me semble être qu’iels le soient en communication et que leurs articles n’aboutissent pas à l’inverse du but recherché ! On ne peut pas écrire « fuyez les personnes aux récits terribles » et en truffer son article… ni parler de la péridurale en disant que « Certaines femmes y renoncent pour éviter les céphalées souvent de rigueur après une péri » alors que ces céphalées sont non une suite habituelle de la péridurale, mais la conséquence d’une rare (1-1.5 % des cas) complication de cette dernière (brèche de dure-mère*). Dans toute ma carrière (plus de 30 ans)  j’ai eu une seule brèche à mon actif (pour l’accouchement d’une sage-femme de mon hôpital que je connaissais bien!). L’exception n’est pas la règle.

En ce qui concerne les douleurs je vous invite à lire mon « rappel de cours » dans ces INFOS

         Au total : Evitez ce numéro de Panicmaman !

  • Cerveau & Psycho. Mai 2024. 7.5 €.
    • « Des » ondes voyageuses » transportent vos souvenirs ». Des précisions sur l’encodage des souvenirs.
    • « TOC, Huntington : les astrocytes impliqués ? » Rôle du gène Crym.
    • « Affaire Oudéa-Castéra : les ressorts fragiles de la crédibilité ». Nicolas Gauvrit* explique pourquoi « Faites ce que je dis, pas ce que je fais » ne marche pas…
    • « Ecriture au stylo : cerveau synchro ! » Jean-Philippe Lachaux* montre les avantages de l’écriture à la main.
    • « Le « nez social » : que nous disent les odeurs des autres ? » Un article qui donne une idée de la faible connaissance que nous avons de l’odorat et de ses mécanismes.
    • « En combien de temps se forme une nouvelle habitude ? » En moyenne en 66 jours, soit trois fois plus que les 21 jours souvent avancés !

Au total : Un numéro dont on peut se passer à moins d’être intéressé par le dossier sur nutrition es cerveau.

  • Sciences Humaines. Mai 2024. 6.9 €.
    • « Sommes-nous naturellement altruistes ? » Laurent Bègue-Shankland* offre un article très détaillé sur l’altruisme*, son histoire, ses mécanismes, ses variantes, ses limites, les études scientifiques le concernant, etc. histoire de découvrir la notion de sélection de parentèle* ou d’altruisme réciproque*.
    • « Peut-on éduquer à l’empathie ? » Présentation du concept puis confrontation des avis de Jean Decety* : « L’empathie émotionnelle est essentiellement déterminée par nos gènes et non consciente. On ne peut pas la favoriser de manière artificielle, contrairement à l’empathie cognitive qui est conscient et peut faire l’objet d’un entrainement. Mais là aussi les effets sont relativement faibles et ne s’inscrivent pas dans la durée » et d’ Omar Zanna* : « Les émotions font l’apprentissage souvent implicite d’abord dans le cercle familial puis dans les groupes de pairs. Lorsqu’on apprend à vivre, à ressentir et à identifier ses propres émotions, il est alors possible de les apprivoiser et de les reconnaitre chez autrui. Des méthodes ciblées au sein de l’école peuvent favoriser le développement de ces compétences » et « L’empathie ne s’apprend pas dans les cours spécifiques, mais devrait être cultivée de manière transversale ». Quant à Serge Tisseron* il propose 7 façons de cultiver l’empathie*.
    • « Séduire et détruire : la mécanique de l’emprise ». Le problème avec cette revue c’est la « qualification » des personnes présentées comme « expertes » qui laisse à désirer. Ceci-dit j’ai trouvé cet article extrêmement bien fait et très détaillé. Je vous recommande particulièrement la lecture du témoignage d’Anna qui à lui seul présente tout le problème. Muriel Salmona* explique particulièrement bien pourquoi il est si difficile pour ces victimes de reprendre une vie normale (à cause de la mémoire traumatique), car, quand elles arrivent rompre, à s’enfuir et que l’état de dissociation (qui les protégeait) s’estompe : « Toutes les violences subies reviennent. La victime étouffe dès qu’elle à quelque chose autour du cou parce que son tyran a essayé de l’étrangler… si elle a un peu de mal à avaler elle fait une attaque de panique. Elle se met à aller très mal. Comme elle n’est plus dissociée, plus en mort psychique, c’est un processus normal. Mais si personne n’est là pour lui expliquer ce qu’est la mémoire traumatique ni ce que sont les mécanismes de ce qu’elle a vécu, elle ne peut pas s’en sortir. Cette compréhension c’est 50 % de la prise en charge. »  Certaines victimes repartent chez leur bourreau préférant un monde traumatique qu’elles connaissent au vide qu’elles découvrent… d’où l’importance d’un accompagnement compétent !
    • « Haut potentiel intellectuel : gare aux mythes ! » Nathalie Clobert offre un rappel éclairé et éclairant sur la réalité des personnes HPI* et rappelle qu’elles ne sont ni spécialement anxieuses ou sujettes au TDAH* et critique également le concept d’Haut Potentiel Emotionnel* remis à la mode en ce moment par Raymonde Hazan*.

Au total :  Un numéro qui justifie son prix.

  • Science & Vie. Mai 2024. 4.9 €.
    • « Sommes-nous maîtres de nos choix ? » Un dossier de 18 pages (entre la position de Robert Sapolsky* et celle de Kevin Mitchell*), saupoudré de citations de chercheurs et de résumé d’expériences, qui explore l’espace entre la position de Robert Sapolskyet celle de Kevin Mitchell* et nous parle de déterminisme*, de théorie du chaos* et d’effondrement de la causalité quantique*, mais malheureusement donne avant tout l’impression de ne faire qu’effleurer le sujet.

Au total : Peu d’intérêt.

PARU, PAS LU :

  • « Les pouvoirs régénérant de l’art ». Psychologies HS. Avril 2024. 7.9 €.
  • « Pourquoi nous rêvons ». Rahul Jandial. Ed Leduc. 2024. 21 €. (336 pages).
  • « Notre santé : 7 questions, 7 réponses ». André Grimaldi et François Bourdillon. Ed Odile Jacob. (15 Mai 2024). 14.9 €. (160 pages).
  • « La révolution emoji ». David Groison & Paul Rey. Ed Bayard. (2024). 23 €. (160 pages).
  • « Comment gérer sa colère ». Cerveau & Psycho . Juin 2024. Je vous en parle le mois prochain.
  • « Quand le sommeil se fait thérapie ». Pour la Science.  Mai 2024Je vous en parle le mois prochain.
  • « Pourquoi nous sommes essentiellement bons. Richard Schwartz. Ed Quantum Way. (2021/2023). 24 €. (244 pages). Un livre que je lis lentement… Patience !

TROUVAILLES CHEZ LE BOUQUINISTE : 

  • « Recherches et succès cliniques de l’hypnose contemporaine ». Ouvrage collectif coordonné par Claude VirotEd Le souffle d’Or. (2007). 5.99 / 18 €. ( 371 pages).
    • « Thérapie stratégique et hypnose dans le traitement de patientes présentant un vaginisme ». A partir de son expérience Laurence Dubois* présente les différentes approches : « L’hypnose est, de fait, une approche particulièrement efficace en sexologie puisqu’elle permet de travailler sur les cognitions, les « prédictions autoréalisantes », tous les patients élaborant un discours inter agissant comme « une autohypnose négative ». 
      • « Elle, lui ou le couple ». Je recommande à tous les nouveaux pratiquant.e.s la lecture de cet article de Claude Deronzier*consacré à l’utilisation de l’hypnose en sexologie, non pas tant pour son intérêt en sexologie (je ne suis pas qualifié pour en parler), que pour l’excellente description des techniques hypnotiques utilisées dans des cas pratiques, ainsi que l’explication de l’intérêt de chacune. Très didactique.
      • « D’hypnos à thanatos, ou du bon emploi de l’hypnose en soins palliatifs ». Je vous invite à découvrir cette magnifique leçon de Jean Becchio* grand spécialiste de cette situation de soin, un modèle d’éthique et de technique. « »
      • « La communication hypnotique en consultation courante de cancérologie ». Marie-Pierre Farcy-Jacquet*sait de quoi elle parle et sait transmettre son savoir, sans négliger tous les détails pratiques si importants dans ces situations douloureuses. Un article exceptionnel.
      • « Hypnose pratique au cabinet dentaire : hypnose et anesthésie ».  J’ai l’habitude en formation de projeter un petit film de Claude Parodi* que j’adore, comme exemple d’hypnose en pédiatrie et d’utilisation de la lévitation. Ici il s’associe avec son confrère Kenton Kaiser* pour nous offrir un bijou de manuel d’hypnose en odontologie et (comme Marie- Pierre Farcy-Jacquet*) ils insistent sur les petits détails fondamentaux qui font toute la différence (comme de choisir une aiguille plus grosse… pour diminuer la pression d’injection, ou de garder les carpules* dans un bain-marie, etc.). Un article merveilleux.
      • « Hypno-anesthésie : de l’éthique à la pratique (petit manuel à l’intention des débutants) ». Cet article de Bruno Gomez* m’a plu parce qu’il associe des remarques très justes sur l’intérêt et les risque de l’hypnose en anesthésie et des conseils pratiques rarement entendus.
      • « Apport de la thérapie narrative dans le soutien aux personnes atteintes de maladies chroniques ». Emouvant de lire cet article d’Alain Vallée* qui en quelques pages résume les fondements de la thérapie narrative* (excellente introduction à cette pratique) et son utilisation pratique pour redonner un sens à la vie de ces patient.es.
      • « L’art ancestral du combat oriental au secours du TOC ». Vous savez que j’adore Dominique Megglé* mais , même si je le cite moins souvent (parce qu’il publie moins…) j’adore aussi son élève Daniel Quin* ! Je me délecte de leur sens de l’humour, de la provocation, de l’auto-dérision et de l’efficacité.

Ici Daniel Quin* en bon adepte des thérapies stratégiques* présente la prise en charge d’un cas de TOC* sévère en utilisant des références au traité « L’art de la guerre » de Sun Tzu*… tout en réglant quelques comptes avec les différentes écoles de thérapie de l’époque! La prise en charge du jeune patient est très détaillée, tant sur le plan pratique que sur le plan théorique. Un régal.

      • « L’hypnose dans le traitement de la migraine ». En lisant cet article de Djayabala Varma* j’ai immédiatement pensé à l’atelier de Stéphane Radoykov* au congrès d’Issy-les-Moulineaux en 2023 qui présentait cette technique de traitement des pathologies psychosomatiques* avec un signaling* très détaillé (issu des publications de Cheek* et LeCron*) permettant d’explorer les 7 facteurs pouvant être en cause.
      • « Hypnose entre bouche et dyslexie ». Cet article comporte deux parties : le parcours de vie du praticien et l’hypnose en orthophonie*.  Je n’ai aucune compétence pour parler de l’orthophonie* mais je vous invite à lire le parcours de vie d’Amer Safieddine* et son combat pour imposer l’hypnose face à la langue de bois des administration et des « scientifiques » bornés qui se contentent de répéter sans vraiment apprendre. Bravo.

Au total : C’est très instructif de lire 17 ans après ce livre qui montre à quel point l’image de l’hypnose a changé et les durs combats qu’elle a dû mener pour y arriver ! Certains articles méritent encore d’être découverts tant ils sont instructifs, à ce prix-là (sur Momox°) offrez-vous le plaisir de découvrir ces articles très didactiques.

  • « Le cerveau expliqué à mon petit-fils ». Jean-Didier Vincent. Ed Seuil. (2016). 2.45 / 8€. (107 pages).

Cela fait longtemps que je recherche un ouvrage permettant à une personne pratiquant l’hypnose depuis peu (ou plus longtemps !) de découvrir les bases des neurosciences, qui contribuent de plus en plus à mieux comprendre comment l’hypnose fonctionne.

Malheureusement j’ai encore été déçu. L’idée de ce livre est intéressante mais le résultat inégal : trop de science et de philosophie, pas assez de vulgarisation et de confrontation à la vie pratique. De plus beaucoup d’exemples se réfèrent aux neurosciences « historiques », à base de dissections et de neurochirurgie, et c’est là que je sens à quel pont les neurosciences ont progressé en dix ans.

         Au total : décevant.

THEATRE TELEVISION FILMS SPECTACLES EXPOSITIONS :

  • « Nuit de l’hypnose ». Musée des Arts Précieux Paul Dupuy. Toulouse 18 Mai 2024 de 19 h à 01 h. Entrée gratuite. Je vous recommande la collection d’horlogerie de ce musée. Quant à cette animation pour la « Nuit des Musées » avec des intervenant de l’école d’hypnose de rue de Jean-Emmanuel Combe* je ne peux qu’être très réservé, car d’une part cette école est ouverte à tous et d’autre part son but de faire de l’hypnose dans la rue pour le spectacle peut au mieux donner une fausse idée de l’hypnose, au pire entrainer des abréactions* pour les volontaires ignorants des risques… avec des stagiaires présentant rarement les compétences nécessaires pour les prendre en charge !
  • « Etat limite ». Documentaire de Nicolas Peduzzi. En salles le 01er Mai 2024. (102 mn). L’activité quotidienne d’un jeune médecin, unique psychiatre de l’hôpital Beaujon à Clichy, illustrant le manque de moyens du secteur de la santé mentale dans le milieu hospitalier.

CONGRES, FORMATIONS, WEBINAIRES :

COMPTE RENDU DE FORMATION :

Dans son introduction Julien Betbèze* insiste sur plusieurs aspects : ne pas tout cataloguer psychotraumatisme, l’importance de l’hypnose, les travaux de Stephen Porges*, la nécessité de se hâter lentement et de ne travailler le trauma qu’une fois le patient.e traumatisé stabilisé et remis en relation sécure.

Il présente ensuite les différents intervenants, certaines interventions figurant dans le numéro HS de la revue Hypnose et Thérapies Brèves sur le même thème (dont je vous ai parlé le mois dernier). 

    • « Enfance : de la dé-liaison à la re-liaison ».

Arnaud Zeman* présente d’abord ce qu’est un ITEP* et quels types d’enfants y séjournent, le caractère dominant étant l’insécurité relationnelle. Les troubles du comportement observés chez ces enfants sont plus défensifs qu’agressifs.

La relation avec l’enfant est difficile, souvent inconfortable et parfois ambivalente. Leur relation au monde est avant tout une relation de survie dans un monde vécu comme chaotique et menaçant, ce qui les emmène dans un monde d’isolement, de solitude, sans que ces enfants puissent en être conscients. L’enjeu de la thérapie dans ce monde de la dé-liaison est de leur faire expérimenter un autre monde où la confiance dans la relation est possible.

Il décrit ensuite deux cas : Raphaël et Aline (qui sont bien décrits dans la revue), en y ajoutant quelques détails comportementaux. Ces deux cas illustrent l’ambivalence de ces enfants, due au double lien vis-à-vis des adultes (à la fois nécessaires et vécus comme menaçants) qui empêche de percevoir les intentions positives de l’autre, et la nécessité d’accueillir inconditionnellement leur parole sans critiques, ni commentaires et de rester en position de non puissance.

Arnaud Zeman* explique ensuite qu’il n’est possible de venir en aide à ces enfants que si l’on peut soi-même s’appuyer sur un tiers sécure*et précise comment restaurer, très progressivement, un lien sécure (par la relation avec un animal par exemple).

    • « Le Brainspotting : retraiter et guérir les mémoires traumatiques ».

Clotilde Hennequin-Rivoire* présente cette nouvelle technique dérivée de l’EMDR* qui recherche un point particulier (brainspot* ou gazespot*) où le regard se pose préférentiellement et insiste sur l’importance de l’accordage* en pleine présence. Il est important d’observer, mais de ne pas interpréter et de ne pas suivre de protocole (principe d’incertitude), pour arriver à cet accordage* en suivant le patient au plus près sans présumer de sa trajectoire.

Si la réactivité au point d’activation est trop éprouvante, il faut revenir au corps et choisir une voie plus rassurante le « brainspotting ressource » pour désensibiliser, retraiter à partir d’un point ressource associé aux sensations du corps. Les patient.e.s les plus dissociés (notamment les TDI*) bénéficieront du partspotting* (associant IFSet Brainspotting*) et l’auteure évoque également d’autres variantes développées par Peter Lévine*. 

    • « De l’hypnose à la transe thérapeutique… lorsque le monde traumatique vient questionner les fondations ».

Cette intervention n’est pas reprise dans le numéro HS de la revue Hypnose et Thérapies Brèves*.

Eric Bardot* explique que dans les traumas les plus complexes il y a une intention humaine et fait un parallèle avec la torture. L’expérience de transe est constitutionnelle de notre expérience d’être humain et a pour fonction de maintenir le sentiment de cohérence, le sentiment d’accordage* et l’expérience d’unité qui passe par la construction d’un soi corporel, d’un corps en relation. Il évoque ensuite les travaux de Bowlby* sur l’importance de la nourriture affective.

Cette expérience de transe permet de faire le lien entre ce qui vient de l’extérieur et ce qui vient du vécu interne et cela passe par le mouvement car dès qu’il est conscientisé il a un effet d’association.

La transe va vers l’unité comme le rêve va vers l’unité. Pour être en lien nous devons être en interaction avec le monde et les autres. Dès la naissance notre corps est orienté vers l’appartenance, l’être ensemble, qui en retour va construire notre expérience de l’intime. La transe permet de garder l’unité dans un contexte dysfonctionnel (de double lien*). 

Il insiste ensuite sur l’importance du jeu en pédopsychiatrie, puis explique que la transe orientée vers l’extérieur va permettre de reconstruire l’histoire du monde traumatique sur la scène du « comme si », donc à l’extérieur de la personne. La question est donc de construire un espace qui permette de transformer la transe dissociative en transe associative thérapeutique.

Parlant des fondements du psychotrauma il fait l’hypothèse que cette expérience peut exister en intra-utérin et à la naissance la relation à la mère remplace l’enveloppe protectrice utérine.

Il y a triangulation entre l’appartenance, la maltraitance et l’exclusion. Le monde traumatique de la dissociation s’exprime sous la forme d’un vide relationnel, mais aussi d’un mur qui déforme le message de la personne qui est dans le monde traumatique. La personne va être dans une quête de cohérence et d’unité, mais cette recherche d’espace d’intention partagé en lien avec l’autre est perturbée par trois types de vision du monde : le monde insécure, le monde maltraitant et le monde déshumanisé qui pousse à la fuite dans le monde virtuel des écrans.

Il faudra externaliser l’expérience traumatique pour amener le patient à l’expérience sécure dans l’espace de transe partagée et intérioriser cette expérience corporelle. Puis rechercher les tiers qui vont valider que cette expérience est fondatrice et ce qu’elle permet de faire. La transe dissociative du trauma est transformée en transe réassociative et permet de revenir dans la vie.

Julien Betbèze* fait préciser l’importance de la notion d’unité. Le travail thérapeutique est de ramener le patient dans le monde relationnel sain, sans négliger l’importance du transgénérationnel.

En prime un petit film de présentation (par Julien Besse*) de la TLMR* extrêmement bien fait.

    • « Les thérapies EMDR de groupe ».

Emmanuel Contamin* rappelle que les traumas psychiques* se compliquent fréquemment de comorbidités (addiction, etc.) et affectent la santé mentale et physique, avec des conséquences personnelles, familiales et sociales, parfois de façon transgénérationnelle.

Il faut donc passer à l’échelle supérieure et réfléchir à la prise en charge de victimes de violences et de psychotrauma très nombreuses avec comme objectif de traiter collectivement et avec un coût réduit ces grandes quantités de victimes. Les grandes institutions internationales commencent à en prendre conscience.

Il propose donc des thérapies EMDR* de groupe et présente l’expérience de l’Italie pendant la pandémie de Covid-19.

Le travail en groupe utilise le dessin en débutant par la mise en place de ressources* et l’externalisation*. Le dessin permet de préserver l’intimité de chacun et d’éviter d’être perturbé par les problématiques des autres participants.  Les études (randomisées*) réalisées pour valider ces protocoles montrent une amélioration significative.

Il est également possible de travailler de façon séquentielle sur plusieurs séances avec notamment information puis apprentissage d’exercices de régulation émotionnelle.

Enfin il aborde le problème de l’éco anxiété* qui touche massivement les jeunes, en insistant sur l’importance du travail sur le deuil, du travail de groupe et de l’engagement dans une action ; puis donne l’exemple d’un stage de trois jours.

Ces protocoles de groupe ne traitent pas tous les problèmes mais réduisent la charge traumatique et augmentent le potentiel de résilience*.

Julien Betbèze* réagit sur l’importance des visions pessimistes chez les jeunes, puis évoque la notion de deuil. Ces thérapies de groupe commencent à se développer de plus en plus au niveau international.

    • « Les Pratiques Narratives : une approche relationnelle pertinente pour accompagner les familles et les équipes en protection de l’enfance et en milieu éducatif ».

Stéphanie Robert* présente le cas d’un enfant de 9 ans suivi en ITEP* qui présente des comportements violents. Tout d’abord elle s’efforce d’amener cet enfant à nommer (la colère violente) et externaliser* le problème (au lieu de le représenter) puis entame le remembering* en l’amenant à prendre conscience de ses relations avec certaines personnes bienveillantes (grand-mère, éducatrice, etc.) et accompagne cet enfant vers la découverte de ses valeurs et l’enrichissement de son discours de vie.

Julien Betbèze*fait préciser le comportement du personnel de l’ITEP* d’abord sous l’emprise du problème (rejet de l’enfant-problème) puis touché par cet enfant et ses valeurs. On passe d’un regard de jugement à un regard sur les souffrances, besoins et intentions de cet enfant ce qui va permettre d’arriver à une autre histoire de vie et à une attitude d’accueil.

Il interroge aussi Stéphanie Robert* sur le type de questions qu’elle pose à l’enfant et aux éducateurs qui permettent de faire émerger des ressources méconnues. De la même façon il faut bien dissocier les parents maltraitants de la maltraitance et chercher quelles ressources peuvent être éventuellement présentes chez eux. Le travail d’externalisation* permet de sortir d’une vision identitaire des parents comme maltraitants. La relation sécure permet de développer l’autonomie. La thérapie narrative* permet aux personnels de sortir d’un fonctionnement centré problème pour renouer avec leurs motivations premières et redonner du sens à leur travail. Ces formations sont de plus en plus demandées.

    • « Soigner le trauma en s’amusant ».

Cette intervention n’est pas reprise dans le numéro HS de la revue Hypnose et Thérapies Brèves*.

Léonard Amétépé* commence par un bref rappel de neurophysiologie et l’importance de sa découverte de la théorie polyvagale* de Stephen Porges* et des approches par auto-régulation adaptative, puis de la Somatic Experiencing* de Peter Levine*qui vise à remobiliser l’auto-régulation du trauma de façon lente et progressive. Ce travail va permettre de réduire l’activation vagale et de découpler la peur de la réaction d’immobilité.

Il évoque ensuite l’historique du traitement du trauma (Janet*, Freud*) qui montre que le trauma a un effet hypnoïde* (dissociation*, modification de l’état de conscience, déréalisation*, etc.) et rappelle le plan de travail de Janet* avec l’importance de la safe place*et de l’hypnose pour réassocier le patient et réintégrer le souvenir du trauma dans sa vie.

Il aborde alors la description des différents types de traumatismes psychiques et leurs conséquences puis présente un cas clinique après avoir exposé le principe de la pendulation* (qui consiste à osciller entre un lieu de sécurité, la ressource, et l’évènement traumatique).

 Il utilise une technique de double dissociation* à partir de la suggestion un téléviseur (avec plusieurs chaînes) et sa télécommande (manipulée par le patient.e) et insiste sur l’importance de la progressivité, l’interactivité et le respect du seuil de tolérance du patient.e. Cette technique du téléviseur est illustrée par une vidéo anonymisée.

Julien Betbèze* lui demande comment il combine hypnose, Somatic Experiencing* et EMDR*, puis souligne l’accent mis sur la progressivité du traitement et l’intérêt des chaînes multiples sur le téléviseur associées à la pendulation ce qui permet la fluidité du traitement.

    • « MESMAY, l’EMDR pour les nuls ».

Dominique Megglé*présente l’historique de l’EMDR* et explique pourquoi il s’agit en fait d’hypnose… mais l’avantage de cette dernière est de proposer une autre solution (le photoshop mental*) pour les patient.e.s en échec (30 %) après l’EMDR*. Il considère qu’il n’y a pas de trauma complexe, mais des traitements complexes. Le risque est de sur ou sous diagnostiquer cette pathologie.

Il recentre donc la technique sur ces ruses hypnotiques essentielles en la potentialisant par une communication plus efficace : MES Mouvements Alternatifs des Yeux ! La séance dure 20 à 30 minutes.

Prologue :  le thérapeute explique, brièvement, le protocole et ne parle que d’éventuelle fatigue oculaire. Puis la cible est définie (pire image du traumatisme) et il est annoncé qu’il n’y aura pas de debriefing en fin de séance.

Acte 1 : le patient.e se concentre mentalement sur la cible tandis que ses yeux suivent les mouvements alternatifs des doigts du thérapeute. Après 24 aller-retours on demande au patient.e d’exprimer brièvement ce qui lui vient à l’esprit (pensée, sensation, etc.). Le thérapeute répète la réponse, la ratifie (Bien, c’est bien) puis enchaine sur une nouvelle série de mouvements alternatifs et ce, en moyenne, une dizaine de fois par séance.

Les réponses comportent 5 étapes : sensations physiques pénibles (dont le siège est en relation avec la nature du trauma), puis déferlement d’images mentales diverses (parfois incongrues), apparition d’affects divers intenses et parfois antagonistes : la vie affective redémarre. Enfin le patient.e devient indifférent et développe un nouveau point de vue sur le traumatisme, il est guéri et le traumatisme devient un souvenir, mais il faut encore fortement consolider cette guérison.

Entracte : le thérapeute demande au patient de se lever et faire 30 pas dans la pièce avant de se rasseoir.

Acte 2, scène 1 :  dès le patient réassis on lui demande de retrouver un très bon souvenir, de fermer les yeux et d’y replonger à fond pendant 3 minutes.

Acte 2, scène 2 : quand il rouvre les yeux le thérapeute lui présent trois doigts (pouce, index, majeur) en éventail (en bougeant la main) de très près et lui explique qu’il y a trois réactions possibles : saine fatigue ou grande forme (ou alternance des deux) ou rien de spécial. (NB : ce qui exclut toute réaction désagréable…).

Fin de séance : Au revoir sans commentaire.

Dans la discussion Dominique Megglé* explique que cette technique est destinée au SSPT* constitué (pas en post-trauma immédiat) mais n’est pas destiné aux patient.e.s trop fragilisés par des traumas multiples.

Julien Betbèze* l’interroge ensuite sur le photoshop mental* . Si après les mouvements alternatifs le résultat est insuffisant (persistance d’angoisse, etc.) le thérapeute propose au patient.e de fermer les yeux, de visualiser la scène (qui est devenue observable grâce aux séquences de mouvements alternatifs*) et de repérer un petit détail, puis de le modifier, ce qui permet au patient.e de sortir de son impuissance, de passer dans l’action et de guérir.

La difficulté est de penser au trauma devant une pathologie secondaire (dépression résistante par exemple) sans faire de diagnostics par excès non plus et le signe à rechercher c’est l’impuissance, la sidération* lors du trauma. Ce n’est pas parce que le traumatisme est très grave qu’il engendre forcément un SSPT* et l’inverse est vrai aussi. Dominique Megglé* donne plusieurs exemples.

    • « Construire des cartes ».

Je n’ai malheureusement pas réussi à me connecter pour le replay de cette intervention d’Emmanuel Malphettes*.

    • « Conclusion & synthèse ».

Julien Betbèze* insiste sur l’importance de bien travailler les situations traumatiques, notamment le diagnostic, et de développer sa propre approche, remettre la relation en place pour rétablir le lien sécure, puis sortir de la mémoire du monde traumatique pour aller vers une mémoire connectée avec la vie et remettre en récit les ressources de vie du patient.e.

Un trauma n’affecte pas une seule personne mais une multitude de personnes qui sont en relation avec elle. Dernier point : ne restez pas isolé et partagez vos expériences professionnelles avec des personnes susceptibles de vous aider car vous pouvez vous aussi devenir une des victimes collatérales du trauma !

ADDICTIONS :

COMMUNICATION :

DEUIL SOINS PALLIATIFS :  

DOULEUR :

HYPNOSE :

MEDITATION :

PEDIATRIE EDUCATION :

PSYCHOLOGIE :

SCIENCES & NEUROSCIENCES :

SOMMEIL :

SYNDROME DE STRESS POST TRAUMATIQUE :

THERAPIE :

RAPPEL DE COURS :

  • Gate control* ou Théorie du portillon.

La théorie du gate control* n’est pas toujours simple à expliquer. Je commence par expliquer que les sensations sont transmises de la périphérie au cerveau par différentes fibres nerveuses (neurones*).

Au niveau sensoriel il existe plusieurs types différents de neurones : des gros neurones enrobés de graisse (myéline*), ce qui leur permet de transporter plus rapidement l’information (signal électrique) comme les neurones sensitifs (toucher), et des neurones fins dépourvus de myéline* qui transportent les informations douloureuses plus lentement.

Quand une information est transmise, le premier neurone rejoint la colonne vertébrale où il entre en relation (synapse*) avec le neurone suivant qui conduit l’information vers le cerveau. C’est au niveau de cette première jonction que se trouve le gate control* ( théorisé en 1965 par R. Melzac et P. Wallqui considère que la stimulation des grosses fibres myélinisées (sensitives) permet de bloquer au niveau de la moëlle épinière la transmission des sensations douloureuses par les petites fibres non myélinisées (et donc transmettant moins vite les stimuli électriques).

En fait c’est un peu comme le péage sur l’autoroute…. Les voitures sont obligées d’attendre leur tour et les premières arrivées passent en premier. Ce phénomène est naturel et inconscient.

Il permet d’expliquer l’analgésie observée lors de l’utilisation du stylo magique* ou de la bétadine° magique*, mais également l’effet apaisant obtenu en frottant une zone contuse après une chute (apprentissage du vélo par exemple), et constitue une des deux composantes analgésiques (l’autre est la libération d’endorphines*) des TENS*. 

Evidemment l’accompagnement par des paroles sécurisantes et des suggestions d’analgésie augmente l’efficacité ! Dans le cas de la bétadine° analgésique* en appliquant le produit (avec un trajet en forme de spirale anti-moustique, pour la pose d’une péridurale par exemple) pensez à insister sur la sensation de froid en citant au passage l’effet d’engourdissement et d’anesthésie du froid (souvenir des batailles de boules de neige, etc.), vous pourrez ainsi appuyer vos suggestions sur un autre truisme* physique : le ralentissement de la conduction nerveuse par le froid !

  • Douleurs des contractions obstétricales.

Il m’est arrivé lors de ma participation à des cours de préparation à l’accouchement (oui cela existe dans certains hôpitaux), de me faire « interpeller » sur le thème : « Vous êtes un homme, vous ne pouvez pas savoir ce qu’est la douleur d’une contraction ».

Ma réponse a toujours été la suivante : « C’est exact, je n’ai jamais eu de douleur d’accouchement (ratification*, position basse*)mais depuis le début de mes études d’anesthésie j’ai toujours travaillé dans des structures de santé comportant des services de maternité (rappel de références professionnelles, position haute*).  J’ai donc eu l’occasion de discuter avec de nombreuses femmes à ce sujet, et celles qui, comme moi, avaient déjà eu des crises de coliques néphrétiques… m’ont toutes confirmé que la douleur des coliques néphrétiques était équivalente à celle des contractions, voire pire !

Il y a toutes fois une différence de taille : moi j’ai souffert pour expulser un minuscule caillou (gestuelle d’objet microscopique entre deux doigts), tandis que vous… vous allez donner la vie à un beau bébé (valorisation, projection dans le futur, accompagnée d’une gestuelle de bébé dans les bras avec un grand sourire).

Evidemment cette technique n’est utilisable que si vous avez déjà eu ces douleurs particulièrement intenses… mais vous pouvez toujours utiliser la pomponette* en me mettant en position d’ami John*

CONFUSION ET DETOURNEMENT D’ATTENTION :

  • « Il ment comme il transpire ».
  • « Est-ce qu’une douleur aigüe peut être grave ? »
  • « Un bon dermatologue se doit d’être poéthique ».
  • « Surtout veillez à ne rien changer que vous ne vouliez vraiment ».

HYPNOSE CONVERSATIONNELLE ET COMMUNICATION THERAPEUTIQUE :

  • Dans cette famille il y a un problème de mâle et fils. »
  • Evitez de parler avec un ton con descendant.

METAPHORES :

  • La quille du bateau : Elle nous permet de rester stable malgré une mer agitée et d’avancer face aux vents contraires. (Proposée par Christophe André* pour l’estime de soi).

OUTILS :

  • « Libérons-nous de la douleur ». YouTube. Podcast de Marc Lévêque*. Des émissions de 5 à 59 minutes par ce neurochirurgien spécialiste de la douleur.

VIDEOS :

TECHNOLOGIE :

VIE PROFESSIONNELLE :

CHEMINS DE TRAVERSE :

 Pour mieux comprendre les contes de fées et ne pas se contenter de Disney !

TURLUTUTU CHAPEAU POINTU :

VOCABULAIRE :

  • « Bétadine analgésique » : Technique d’analgésie hypnotique qui associe deux truismes* physiques et des suggestions (composées) d’analgésie. Le premier truisme* est l’activation du gate control* par stimulation sensitive lors de l’application du produit (de préférence en dessinant un  « escargot » ou un « serpentin anti-moustiques »), le second le ralentissement de la conduction nerveuse par le froid. Les suggestions insistent donc sur les sensations tactiles et thermiques et leur effet analgésique et sont renforcées .
  • « Dépersonnalisation » :  Trouble psychologique dissociatif avec sentiment de perte de sens de soi-même et absence de contrôle de la situation. La dépersonnalisation concerne la perception de soi (interne), tandis que la déréalisation concerne la perception de son entourage (externe). IH 05 2024
  • « Déréalisation » : Forme de trouble dissociatif qui consiste en une expérience prolongée ou récurrente de détachement (dissociation*) de son propre corps ou de son fonctionnement mental, habituellement avec l’impression d’être devenu un observateur extérieur de sa propre existence. La dépersonnalisation* concerne la perception de soi (interne), tandis que la déréalisation concerne la perception de son entourage (externe).
  • « IFS » ou « Internal Family System » ou « Système Familial Intérieur » : Outil thérapeutique (modélisé par Richard Schwartz* dans les années 1990) qui amène à prendre conscience des différentes personnalités qui nous animent (co-conscience) afin de les faire communiquer et coopérer entre elles,et d’aboutir à une relation de confiance entre l’Être (ou Self*) de la personne et les différents aspects (parties, sous personnalités) qui la composent.
  • « Part spotting » : Association d’IFS* et de Brainspotting* inventée par Peter Levine* pour traiter les patient.e.s très dissociés, notamment ceux présentant des TDI*.
  • « Pendulation » :  Processus d’oscillation entre un lieu secure* et un évènement traumatique, pour titrer le rappel d’événements stressants, utilisé notamment en Somatic Experiencing*. IH 05 2024.
  • « Photobiomodulation » : Utilisation de Laser/LED de faible énergie sur la peau pour ses propriétés antalgiques, anti-inflammatoires et cicatrisantes, notamment lors du traitement de cancers par chimiothérapie et/ou radiothérapie.
  • « Stylo magique » : Technique d’analgésie hypnotique qui consiste à déposer virtuellement sur le dos de la main du patient.e un produit analgésique (pommade, anesthésique local, etc.) avec un stylo déclaré magique, puis à faire diffuser le « produit » en frottant doucement le dessus de la main de façon circulaire (en escargot) en accompagnant ce massage de suggestions analgésiques. Je conseille ensuite d’inviter le patient.e à continuer le massage lui-même (avec l’autre main) jusqu’à ce que la main soit totalement « endormie, engourdie » et ne ressente qu’un toucher très amorti. Cette technique permet d’associer un truisme* physique (la stimulation des fibres rapides sensitives bloque la transmission des informations douloureuses véhiculées par des fibres plus lentes) à une suggestion analgésique qui est donc renforcée.
  • « TENS » ou « Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation » : Technique de neurostimulation* analgésique utilisant une stimulation électrique par électrodes transcutanées qui agit par deux mécanismes : libération d’endorphines* et action au niveau du gate control*.

CITATIONS 

« La position du thérapeute qui consiste à aider les gens « en restant derrière » au lieu de passer « devant » est un mécanisme fondamental pour construire ce nouveau contexte. En général les gens ne peuvent pas voir les possibilités uniques de leur vie si d’autres personnes se tiennent devant eux et leur bouchent la vue.

 Quand on ne fait qu’indiquer les aspects positifs de ceux qui ressentent que leur vie est un échec spectaculaire et qu’on se montre enthousiaste de manière générale et directe vis-à-vis des évènements de leur vie, on met en place une distinction qui leur enlève tout pouvoir. En effet, la personne va dans ces circonstances percevoir une contradiction flagrante entre d’une part le point où elle-même se perçoit dans la vie et d’autre part le point où elle croit que les autres la perçoivent. Elle va trouver l’image que les autres ont de sa vie bien éloignée de ce qu’elle croît être sa condition réelle ; elle va avoir un sentiment d’incompétence et va confirmer ainsi son sentiment d’échec. Et cette confirmation va avoir des conséquences bien réelles.

Aider les gens en restant en arrière ne pose pas ce genre de problèmes. En général, le thérapeute peut arriver à cette position en travaillant à identifier les moments d’exception et en engageant directement la personne à trouver de nouvelles significations à ceux-ci. Ainsi encourage-t-il la personne à être l’auteur privilégié de cette nouvelle histoire.

Le thérapeute peut aussi arriver à cette position « un pas en arrière » en se tenant sur « la ligne de base », à partir de laquelle il peut donner un plein relief à tout changement survenant dans la vie de la personne ; ce qui assure une distinction qui donne beaucoup plus de pouvoir à la personne. Le thérapeute s’efforce constamment de s’identifier à la position dans laquelle se trouvait jusque-là la personne et maintient une attitude prudente, de façon à ne pas rattraper trop vite les faits nouveaux dans la vie de la personne. Cela permet au thérapeute d’être « pris au dépourvu » par ces faits nouveaux et l’empêche de passer devant la personne, et de créer une distinction qui prive la personne de pouvoir. Le thérapeute, peut en permanence, encourager la personne à le mettre au courant de ces faits nouveaux et à expliquer ce qu’elle en comprend. Au fur et à mesure que la personne perçoit mieux ses succès, le thérapeute peut se permettre d’être moins inquiet du risque de passer devant elle.

Les questions et les spéculations sur le fait « d’être prêt » peuvent aussi faciliter à la fois la position « un pas en arrière » pour le thérapeute et la mise en place d’un « contexte de réception » qui rendent difficile l’attribution de l’échec. Le thérapeute peut être curieux de la façon dont les gens savaient qu’ils étaient prêts à prendre les mesures qu’ils ont prises, et peut chercher à savoir à quel point ils sont prêts à prendre les mesures supplémentaires qui pourraient être proposées. Ainsi, que les gens prennent ou non une autre mesure pour échapper à l’influence du problème dépend en fait d’être prêt, et ce n’est pas une question d’échec. Et si la personne recule, c’est avant tout parce qu’on avait mal évalué à quel point la personne était prête à franchir cette étape. »

Michael White.

«Il n’y a ni mauvaises herbes, ni hommes, que de mauvais cultivateurs.»

Victor Hugo.

« Si l’on ne peut pas supporter ce que l’on sait, ni ressentir ce que l’on sent, la seule solution est la dissociation et le déni. »

Bessel van der Kolk.

« En médecine, le cœur du système de soins, c’est le patient. Notre métier consiste à l’aider à activer au mieux ses propres ressources et à remettre en mouvement son cycle de vie personnel. Ce qui s’appelle la santé. »

Recherches et succès cliniques de l’hypnose contemporaine.

« La technique que je vous propose peut vous aider à mieux supporter cette gêne. Qu’en pensez-vous ? 

Sans émotion, pas de changement.

L’hypnose leur permet de participer activement au soulagement de leur souffrance ou de leurs douleurs et de devenir responsables du processus de changement.

Nous ne nous adressons qu’à des patients pour lesquels l’hypnose a un intérêt et non pas à des patients qui sont intéressants pour l’hypnose. »

Jean Becchio.

« Le problème n’est pas le problème mais c’est la manière dont est posé le problème. »

Jacques Puichaud.

« Ce n’est ni dans l’intérêt de l’hypnose ni dans l’intérêt de l’hypnothérapeute que l’on fait de l’hypnose mais dans l’intérêt du patient. »

Bruno Gomez.

« Tout d’abord considérons qu’en grande partie, ce seront les réactions de coopération involontaire du sujet et de ses proches aux exigences du problème qui constituent le système qui entretient la vie du problème. Il est défini ici non plus tellement par la réalité physique du problème, mais par la façon dont la personne se sent et est vécue ou perçue comme changée par le problème. 

Il apparaît important d’apprendre à la personne à distinguer entre la lutte contre la maladie et la lutte contre la disqualification qui est souvent elle-même renforcée par les personnes mêmes qui vont aider à la lutte contre la maladie.

Souvent une bonne façon de formaliser cette externalisation est de donner un surnom à cette figure persécutrice.

Ce n’est pas la même chose de donner à un comportement l’aspect raisonnable et logique d’une conduite adaptée par rapport à une perception, même si elle est éventuellement erronée, que de disqualifier l’ensemble.»

Alain Vallée.

« Pour la pensée stratégique, l’efficacité dans la résolution des difficultés prime sur la « vérité » d’un quelconque modèle thérapeutique, le « comment » est plus important que le « pourquoi », le thérapeute influence directement le comportement du patient, et le changement intervient avant la rationalisation et les explications.

La thérapie peut donc être brève, à condition de ne pas être pressé. »

Daniel Quin.

 

« La logique de l’esprit scientifique se trouve désemparée face à l’hypnose, qu’elle ne maîtrise pas. Les dérives des uns et des autres la réconfortent dans ses suspicions, renforcent les résistances.

… 

Logiquement l’oreille directrice est droite, y compris chez le gaucher, vu la localisation hémisphérique invariablement gauche de l’aire du langage.»

Amer Safieddine.

 

La chronique du Dr Bruno Blaisse, Responsable média de l’ IMHE Biarritz Pays Basque – Hypnosium