Déjà deux semaines… bon courage à tous et pensez aussi à vous !
B.Blaisse
AVANT PROPOS :
J’espère que ces informations vous aident un peu même si beaucoup d’entre vous doivent manquer de temps pour les parcourir…
Je fais de mon mieux en tant que médecin anesthésiste retraité et non hypnothérapeute (même si j’ai eu la chance de faire des formations de thérapie, notamment en Thérapies Brèves et HTSMA) et m’efforce de rester « dans les limites de mes compétences », c’est pourquoi mes rubriques vous présentent surtout des références de thérapeutes confirmés.
Même dans ces conditions difficiles où vous risquez d’être très sollicité(e)s restez dans vos compétences et n’hésitez pas à vous faire aider si nécessaire.
ENFANTS :
Pour ces « patients » particuliers voici ce qui me vient en tête comme lignes directrices :
-Adaptez-vous à l’âge !
-Souvenez-vous que les enfants sont très sensibles à la communication non verbale : soyez sincères avec prudence et délicatesse sinon ils comprendront que vous leur cachez quelque chose et imagineront le pire…
-Montrez leur que vous faites tout pour leur sécurité et que certains changements de comportements sont dus non pas à un manque d’affection mais au renforcement de leur protection.
-Laissez-les s’exprimer : vous pouvez par exemple utiliser la technique des trois dessins : dans son premier dessin l’enfant représente son « problème », dans le second il dessine « le problème résolu » et dans le troisième il dessine ce qui « permet de passer du problème au problème résolu » (magicien, super héros, etc.). (Cf Joyce.C.Mills).
-Expliquez leur qu’eux aussi peuvent faire quelque chose contre le coronavirus pour aider ceux qu’il embête : par exemple téléphoner aux personnes de leur entourage qu’ils regrettent de ne plus voir, ou leur faire un dessin, etc.
-Evidemment les câlins (quand c’est possible) et les histoires du soir ne font aucun mal.
Ceci dit voici quelques sites qui vous donneront d’excellents conseils :
« Coronavirus : comment parler de la pandémie de Covid-19 avec un enfant ? » (podcast). France Info reprend des interventions de spécialistes : l’Unicef, Claudine Nemausat (médecin scolaire), Cédric de Laurens(pédopsychiatre) et propose des outils et des guides pour savoir comment expliquer et se comporter avec les enfants.
« Coronavirus : comment parler du confinement à son enfant à son enfant ? » (podcast). Cet article de Télérama du 18 03 2020 est un entretien avec la pédopsychiatre Marie-Noëlle Clément qui pose très bien les difficultés rencontrées et propose quelques guides et liens utiles.
« Epidémie de coronavirus : ce que les parents doivent savoir ». (podcast). Cet article de l’UNICEF donne des recommandations simples et claires sur la façon de communiquer avec ses enfants.
« Allo je suis un virus de la famille de la grippe… je m’appelle coronavirus ».(podcast). Ce livre pour enfants de moins de 7 ans de la psychologue colombienne Manuela Molina se présente comme un Power Point et me plait beaucoup. Il peut également être téléchargé gratuitement dans plusieurs langues.
« Le club des super héros » : la MAE propose un jeu en ligne pour initier les enfants aux gestes de premier secours. (podcast).
SYNDROME DE STRESS POST TRAUMATIQUE :
Cette situation de confinement réunit malheureusement beaucoup d’éléments favorisant ce syndrome : menace vitale et impuissance au premier plan. L’impuissance est le facteur le plus grave mais pour une fois nous pouvons proposer quelques actions préventives et peut être avoir un peu moins de patients à prendre en charge après la pandémie.
Dans la genèse de ces traumas il y a trois axes à considérer : le rapport au monde extérieur, le rapport avec soi-même, le rapport aux autres. Dans ce cas le monde extérieur apparait dangereux… et tous les efforts viseront à renforcer la sécurité et notamment à recadrer le risque. Pour la sécurité la diffusion calme et patiente des mesures de protection adaptées et les exercices impliquant le lieu de sécurité (safe place » sont des bonnes pistes. Pour le recadrage évitez de parler de ce qui a été pire avant (Sida, canicule, grippe espagnole, guerre, etc.), mais si le patient vous en parle ratifiez et soulignez que la vie a continué après ces horribles catastrophes. Recadrez le présent : « vous êtes anxieux, mais vous allez bien », « la maladie est le plus souvent bégnine », « vous ne présentez pas de facteur de risque », etc. Pensez à rectifier les fausses rumeurs et à diffuser les données validées. Pour le rapport aux autres identifiez les personnes de l’entourage qui ont un rôle sécurisant (parents, conjoint, médecin traitant, etc.) et valorisez-les. Mettez également en valeur toutes les structures de soutien et de prise en charge qui sont mobilisées pour les aider si nécessaire : « vous n’êtes pas seul ». Pour le lien à soi il est fondamental de sortir les patients de leur sentiment d’impuissance, de les remettre en mouvement et d’éviter que confiné = figé. J’ai donné quelques pistes pour les enfants plus haut. Pour les adultes rien que le fait de rester en contact avec ses proches (téléphone, internet, etc.) est déjà une action. Les rituels sont bons (applaudir ou chanter au balcon à 20 h par exemple), méditer, faire du sport, écrire son journal, etc. Encouragez toutes les activités tournées vers l’avenir : préparer un examen, entretenir sa forme, apprendre une langue étrangère, préparer les plantations du potager, etc. Il suffit d’aller sur Facebook pour découvrir toutes les idées les plus surprenantes, voire délirantes, qui permettent de sortir de cet immobilisme. Expliquez bien que prendre soin de soi est important et qu’une séance de méditation ou d’autohypnose est un effort qui permet d’être plus performant pour se protéger et/ou soutenir les autres et/ou éviter d’épuiser les équipes soignantes. Voici quelques liens qui peuvent vous être utiles.
« Après chaque catastrophe il y a un changement de culture ». (podcast).France Inter mercredi 25 03 2020. Interview de Boris Cyrulnik qui évoque les suites de la pandémie et particulièrement les conséquences des deuils non faits.
« Un confinement de plus de dix jours peut causer des syndromes de stress post traumatique ». (podcast). France Culture. Lundi 23 mars 2020. Catherine Tourette-Turgis, directrice du master en éducation thérapeutique à Sorbonne-Université, a analysé les études qui existent sur le confinement
« Effets psychologique, méditation et vie de couple au temps du Covid 19 ».France Inter. Grand bien vous fasse. Mardi 24 mars 2020. (podcast). (52 mn). Avec les psychothérapeutes Aurélia Schneider, Cécile Guerés et Christophe André.
« Psychologie positive et confinement : comment affronter ses peurs et ses angoisses ? ». Résumé de l’émission « Grand bien vous fasse » de France Interdu mardi 24 mars 2020 (podcast).
« Quelles sont les conséquences psychologiques du confinement ? » Cerveau & Psycho 18 03 2020. (podcast). Béatrice Salthun-Lassalle analyse un article de Samantha Brooks qui a étudié 24 publications sur ce sujet.
« Confinement : comment surmonter la solitude ? » Cerveau & Psycho 17 03 2020 (podcast). Article de Kasley Killian.
SEANCES EN LIGNE :
L’Institut Milton H Erickson de Biarritz (hypnosium) met en place une « Cellule de soutien aux soignants par hypnose » avec la participation de Frédérique Honoré, Pierre Castelnau, Pascale Chami, Jean-Claude Espinosa, Yves Halfon, Darriet Vandamme, sous formes de séances gratuites d’hypnose en petits groupes proposées aux soignants des services d’urgences ou de réanimation. Ce service gratuit et bénévole fonctionnera à partir de mercredi sur inscription sur le site. http://www.hypnosium.com
Le site Emergences propose chaque jour une séance adaptée à des personnes ayant peu de pratique de l’hypnose. Une dizaine de séances sont déjà en ligne(podcast).
Sur son compte Facebook Jean Becchio propose une séance antistress basée sur les Techniques d’Activation de Conscience.
SEANCES DE GROUPE :
Si vous souhaitez faire des séances collectives je vous recommande de choisir des « textes bien validés » et d’observer en permanence chaque participant. Pour ma part je me souviens d’une abréaction lors d’une séance avec « Ne rien faire » (dans une salle mal adaptée il est vrai) et j’utilise préférentiellement : « Le roi et la lune » de Jean-Claude Espinosa (cf cours Institut), « L’arc en ciel » d’Yves Halfon (dans l’ouvrage collectif coordonné par Frédérique Honoré : « Scripts d’hypnose tout terrain ») et « La voix des sables » dont vous pouvez retrouver la version de Patrick Bellet dans la revueHypnose et Thérapies Brèves n° 41 de mai 2016.
MEDITATION :
Vous pouvez télécharger l’application « Mind » qui propose 7 séances d’initiation gratuites.
METAPHORES :
Je suis d’accord avec Julie Ballandras de la Guadeloupe et plutôt que de « vague », voire de « tsunami », (phénomènes devant lesquels on est presque totalement impuissant), je pense qu’il est préférable de parler de « cyclone » : on peut s’y préparer et résister en se mettant à l’abri pour ressortir après et reconstruire ce qui aura été endommagé (même si cette image est surtout très « parlante » pour les habitants des zones à risque de cyclone).
SOMMEIL :
Pour ceux qui n’ont pas eu les diapos du « sommeil flash » le mieux est de se connecter à ce site (podcast).
DEUIL :
Un des nombreux problèmes de cette pandémie est la difficulté de faire son deuil correctement. La limitation des déplacements et des réunions empêche d’apporter tout le soutien souhaité à ses proches mais aussi de se confronter à la réalité de la mort et peut engendrer une culpabilité sévère. En plus de l’hommage aux disparus et du soutien aux proches les rituels funérairespermettent à chacun de trouver sa place par rapport aux disparus et d’avoir le soutien de sa communauté. Ne pas pouvoir assister ses proches dans leurs derniers instants ni même assister aux funérailles est traumatisant et aggrave le sentiment d’impuissance et de dette vis-à-vis des disparus. Il faut donc s’attendre à des problèmes de deuils mal faits qu’il faudra prendre en charge dès que possible. Je recherche des références à vous conseiller (il faut être très prudent ce thème est très exploité par des « thérapeutes » discutables…) mais je pense qu’il est fondamental de filmer les enterrements (et si possible de les diffuser en direct aux membres de l’entourage qui n’auront pas pu être présents).
« Entre le monde des vivants et le monde des morts ». (podcast). Claude Virot présente un cas de deuil difficile à faire.
« Processus de deuil et hypnose ». Mémoire de DU d’Hypnose de MireilleOuillon Marchand sous la direction d’Antoine Bioy.(podcast).
DIVERS :
Avec son accord je vous conseille de lire l’article de Julie Ballandras pour « Sentinelle971 » (podcast) que trouve excellent et qui rejoint certains des thèmes abordés dans les premières Infos Hypnose Covid mais ajoute un excellent chapitre sur le stress post traumatique.
« China’s corona virus response included mental health assistance ».Medscape 26 03 2020. Voilà de quoi vous conforter dans vos efforts.
« Coronavirus : alcool, tabac, drogue… Quelles sont les conséquences du confinement sur les addictions ? » France info. Vendredi 27 mars 2020. (podcast).(2mn30). Interview du Dr Bernard Basset, Président de l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie.